Salon de l'Automobile

Non seulement je suis euphorique à l’idée de participer à la Grande Messe du Lundi Matin, mais je dois également assister à des réunions interservices, dont le principal intérêt est qu’elles se déroulent entre 13.00 et 15.00 et qu’on nous livre des plateaux-repas, histoire de nous distraire. Certaines profitent même de l’occasion pour descendre des bouteilles de vinasse tièdasse, afin d’augmenter leur productivité l’après-midi.

Un des protagonistes de ces joyeuses sauteries hebdomadaires était absent, cela permit au reste du troupeau de médire sur lui pendant un bon quart d’heure. Dévorés de jalousie, ils s’en prirent immédiatement au fait qu’il venait d’acheter une Ferrari avec je-ne-sais combien de chevaux dedans et à un prix ne défiant aucune concurrence; cela était pour eux d’une prétention, d’une arrogance et d’un prout prout sans nom, et l’un d’eux conclut en disant «De toutes manières, plus ta bagnole est grosse, plus ta bite est petite».

Devant une telle théorie, dont il semble qu’il est impossible de démontrer le contraire, tout le monde approuva…. Jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que les moteurs de leurs Jaguar, Mercedes, BMW, Audi, SAAB et autres marques prestigieuses étaient encore chauds dans le parking situé en sous-sol. Du coup, la théorie avait quelques failles.

Sur le ton de la plaisanterie mal assumée, un commença à dire, «moi, je préfère conduire la 206 de ma femme», un autre ajouta «les Smart, c’est hyper pratique»; j’entendis aussi «c’est comme les R5, ça se conduit bien», un autre, plus nostalgique renchérit «je ne pourrai jamais me débarrasser de ma vieille Deux-chevaux».

Comme je ne disais rien, un de mes charmants collègues me demanda : «Au fait, Yann, t’as quoi comme voiture, toi?».

J’étais mi-gêné et mi-amusé, lorsque après un instant de réflexion, j’ai du répondre : «J’ai raté mon permis de conduire cinq fois.»