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Stripey
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Stripey
27 juin 2002

Diversité Morphologique

Il y a quelques années, alors que j’étais encore empli d’innocence et de naïveté dans la fraîcheur de mes vingt ans, je me suis retrouvé dans un bar gay parisien, chose qui m’avait demandé beaucoup d’efforts psychologiques et même physiques, l’idée même d’entrer dans l’antre du Diable me terrifiant.

Me voilà donc assis au zinc où je sirotais un Coca, lorsque ce que l’on appelle un mec « canon » (maintenant on dit « bomekparis ») m’aborda, me fit une conversation à trois sous, me paya un autre Coca, et voilà la machine enclenchée pour le reste des péripéties d’une nuit.

J’étais assez peu expérimenté à l’époque et avais eu peu de confrontations avec ce que l’on peut considérer « la loi du milieu ». Le jeune homme, 25 ans, 1m90, tout en muscles, le sourire carnassier, connaissait son business et maîtrisait ses approches commerciales en termes de prospections nocturnes - il avait du suivre des cours du soir. Je n’ai jamais compris pourquoi il avait décidé d’appliquer ses méthodes de marketing direct sur moi ce soir-là, mais de fil en aiguille, je me retrouvai à gravir les escaliers de son immeuble pour arriver à son appartement. Vu les conversations que nous avions eues jusqu’alors, je me doutais que je n’allais pas gravir ces marches plus d’une fois et que nos échanges se limiteraient à un «one-night-stand»…. Toujours ça de pris me disais-je dans ma tête, tant qu’à faire, quitte à être un dépravé, autant se rouler dans la fange avec un beau cochon.

Bref, les sujets de conversations s’amenuisant (lui : «le remix du dernier Madonna, il te plaît ?» – moi : «jamais entendu» / lui : «Eternity de Calvin Klein, c’est mon parfum préféré ». – moi : «ah».).

Des signes flagrants de lassitude commençaient certainement à se lire sur mon visage amorphe, donc l’expert prit les choses en main et m’emmena dans sa chambre et nous nous retrouvâmes face à face, l’un sur l’autre, nus, nous embrassant d’une manière qui se voulait vaguement sensuelle, alors qu’il gémissait et soupirait quelque chose qu’on pourrait appeler du plaisir. Après quelques French kisses fort distrayants, il commença à parler; sans entrer dans les détails de ma vie (homo)sexuelle intime, je préfère en général le silence, les mots qui viennent de la bouche de l’autre me faisant automatiquement penser à autre chose que ce que je suis en train de faire ou à me déstabiliser car les paroles me paraissent un peu convenues, voire niaises. Pour le coup, je n’ai pas été déçu lorsque je l’entendis dire :

«J’ai envie que tu me bourres ma chatte de mec».

Je me revois au-dessus de lui, les bras en extension entre ses épaules, tournant la tête vers le mur et réfléchissant. Sans tomber dans la psychanalyse de concierge, je me suis dit : «cet homme a un sexe féminin masculanisé par je ne sais quel procédé et il faut que je m’en occupe.» Du coup, je me suis dit qu’au fond, j’étais peut-être en train de vivre une expérience hétérosexuelle.

Devant le peu de réactions, il ajouta :

«A moins que tu préfères que ce soit moi qui prenne ta chatte de mec?».

Soudainement, tout devenait plus compliqué; nous nous retrouvions avec des sexes de genres différents et nous pouvions tous deux nous accoupler tels deux escargots. Devant les multiples possibilités d’accouplement qui s’offraient à moi, j’étais particulièrement décontenancé, et je commençais à craindre qu’une femme triphydée surgisse dans la pièce, histoire de décupler les possibilités de cette nuit qui s’annonçait torride. Tout ça devenait trop compliqué et je répondis:

«Qu’est-ce qui se passerait si je bourrais ta chatte de mec avec ma bite de femme? »

Je n’eus pas la joie de savoir quels effets cela lui auraient procuré, puisque son visage s’assombrit (il devenait moins beau, du coup) et nous passâmes le reste de la nuit à écouter le remix du dernier titre de Madonna en reniflant l’Eternité….

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